J-17 : La dernière de l’équitation

22 juillet 2024  //  
JO 2024  //  

Le pentathlon moderne va perdre l’une de ses cinq disciplines historiques : l’équitation ne sera plus présente dans les grandes compétitions séniors après les Jeux Olympiques de Paris et sera remplacée par l’obstacle, ce qui est déjà le cas dans les grands championnats des catégories de jeunes.

Le baron Pierre de Coubertin a voulu créer le pentathlon moderne dès la 12e Session du CIO en 1909 à Berlin avec le tir, la natation, l’escrime, l’équitation et la course dans l’optique d’avoir le soldat parfait.

L’équitation a donc été une des composantes de notre sport depuis les JO de Stockholm en 1912. Cette discipline a connu de nombreuses évolutions au fil du temps. Au commencement ; l’équitation du pentathlon moderne était un cross hippique de 4,5 km avec de nombreux obstacles. Puis dans les années 60 de nombreux changements ont été effectués : le cross équestre a été réduit à 2500 mètres, chaque cheval effectuait 2 parcours. En 1969, le cross équestre a été remplacé par du saut d’obstacles sur une distance de 800 mètres. En 1980, le parcours est passé de 800 à 600 mètres.

En 1993, le saut d’obstacles est encore réduit à 350/400 mètres avec 10 obstacles. Ce format est encore de rigueur maintenant. La hauteur de chaque obstacle est située entre 1 m et 1 m 10. Tout au long du parcours, il y a deux doubles barrières. Un obstacle tombé enlève 7 points au concurrent, le refus d’un cheval équivaut à 10 points de pénalité. Le cavalier et son cheval ont un temps imparti pour terminer le parcours, chaque seconde de retard fait perdre un point au pentathlète (une seconde = 1 point en moins, 2 secondes = 2 points en moins…).

 

L’incertitude de l’équitation

L’une des principales caractéristiques de l’équitation au pentathlon moderne est que le cavalier découvre le cheval sur lequel il va monter 20 minutes avant l’épreuve par tirage au sort. Cette règle a été établie pour montrer l’adaptabilité d’un pentathlète. Forcément, ce principe crée une part d’incertitude singulière à ce sport. Les espoirs d’un bon résultat peuvent être réduits à néant en l’espace de quelques secondes.

L’un des exemples les plus marquants est celui des JO de Barcelone en 1992. Le saut d’obstacles était exceptionnellement l’ultime épreuve du pentathlon moderne, ce qui n’était pas arrivé depuis les JO de 1928. Le scénario a été cruel puisque le Russe Edouard Zenovka a perdu la tête au classement après être tombé deux fois. Le Polonais Arkadiusz Skrzypaszek en a profité pour décrocher l’or.

Le 4 novembre 2021, l’UIPM a décidé de retirer l’équitation des cinq disciplines qui composent le pentathlon moderne. Le 12 novembre 2022, l’UIPM a voté à une très grande majorité (83 %) le remplacement de l’équitation par l’obstacle. Mais l’équitation aura marqué tous les pentathlètes qui auront connu cette épreuve, car elle pouvait leur être fatale pour le reste de la compétition.

 

Le lien cavalier-cheval

On peut également parler du lien privilégié entre l’athlète et le cheval, chaque pentathlète à ses habitudes. Marie Oteiza, brillante cavalière, a dit récemment en interview pour Radio Vinci Autoroutes : « En équitation, on a la particularité de monter des cheveux que l’on ne connaît pas. Nous avons 20 minutes pour faire connaissance avec le cheval. Chacun a ses techniques, moi je lui parle et je lui renifle dans les narines pour créer une connexion avec l’animal. »

Elodie Clouvel a déclaré dans un entretien pour le site Francs Jeux: « Un couple cavalier/cheval peut être quelque chose de magnifique.» On vous recommande d’ailleurs cette double interview avec Valentin Prades très intéressante à propos du changement de discipline, voici le lien pour la lire : https://www.francsjeux.com/2023/11/14/jimaginais-mal-le-cio-retirer-le-pentathlon-moderne/96518/

L’équitation va se produire dans un cadre majestueux au Château de Versailles pour sa dernière au pentathlon moderne, il y a déjà beaucoup de nostalgiques et il y en aura encore plus après Paris 2024, mais une nouvelle ère va s’ouvrir pour le pentathlon moderne. L’obstacle a déjà montré son côté spectaculaire notamment lors des derniers Mondiaux U22 à Alexandrie.

 

 

Crédit photo : UIPM