
Le pentathlon moderne, issu d’une inspiration militaire, continue de refléter les valeurs de discipline, de polyvalence et de rigueur qui caractérisent les forces armées. Aujourd’hui, cette discipline, bien que modernisée, reste profondément liée à l’univers militaire, notamment en France, où plusieurs athlètes de haut niveau sont sous contrat d’insertion professionnelle (CIP) au sein de la Gendarmerie ou dans les différentes armées. Ce sport, devenu un outil de diplomatie internationale, incarne l’union entre l’histoire militaire et la performance sportive.
Des racines militaires solides : du champ de bataille aux Jeux Olympiques
L’origine militaire du pentathlon moderne
Le pentathlon moderne, tel que conçu par le Baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes, a été pour la première fois au programme des JO en 1912. Il avait pour objectif de tester les compétences essentielles d’un “officier de cavalerie” en temps de guerre. L’idée centrale était de recréer les défis auxquels un soldat devait faire face derrière les lignes ennemies : se défendre, traverser des obstacles, et s’adapter à des situations imprévues.
Les cinq disciplines du pentathlon moderne reflétaient cette formation militaire :
- Escrime : représentant le combat à l’épée sous sa forme de duel avec une seule touche, cette épreuve met en lumière la stratégie et la précision nécessaires pour un soldat.
- Natation (200 m) : symbole de la nécessité de traverser un cours d’eau pour échapper ou rejoindre un point stratégique.
- Équitation : un officier devait savoir maîtriser un cheval inconnu sur un terrain imprévisible, une compétence cruciale en temps de guerre.
- Tir au pistolet : le tir simule la capacité d’un soldat à neutraliser un adversaire à distance avec calme et précision.
- Course à pied : la course symbolise la poursuite ou la fuite, un exercice d’endurance indispensable pour un soldat.
Cependant, L’équitation a été remplacée par le parcours d’obstacles après les Jeux Olympiques de Paris 2024, en réponse à l’évolution de la société et à une nouvelle modernité voulu par le CIO et I’UIPM. Ce changement vise à moderniser le sport tout en conservant la difficulté physique et technique d’une épreuve qui teste l’agilité et la rapidité des athlètes.
Le pentathlon moderne est ainsi une discipline qui ne se contente pas de tester les capacités physiques ; il évalue aussi la stratégie mentale et l’endurance, des qualités nécessaires pour les soldats d’autrefois. Ce sport incarne l’idée de “l’athlète parfait” aux yeux de Pierre de Coubertin, un modèle inspiré des qualités d’un militaire.
Le pentathlon militaire : un héritage vivant
Bien que le pentathlon militaire soit légèrement différent de sa version olympique, il reste une discipline centrale dans plusieurs armées à travers le monde. En mettant l’accent sur des compétences directement liées au champ de bataille, telles que le lancer de grenades et la course d’obstacles, il reflète la préparation tactique et physique des soldats.
En France, des structures comme le Bataillon de Joinville (BJ), fondé en 1852, ont joué un rôle clé dans la formation des athlètes militaires. Le BJ a été un centre d’excellence pour les soldats qui s’entraînaient à exceller à la fois dans des contextes militaires et sportifs, en promouvant un modèle où l’excellence physique et mentale allait de pair avec la discipline militaire.
Pour rappel, tous les sportifs appelés sous les drapeaux pour leur service militaire étaient contingentés au Bataillon de Joiinville à l’École Interarmées des Sports (EIS) à Fontainebleau.
Même après la dissolution du BJ dans les années 90, son héritage continue à travers des structures comme l’Armée de Champions et le Centre National des Sports de la Défense (CNSD) anciennement l’EIS, où de nombreux athlètes sous contrat défendent les couleurs de la France lors des championnats du monde militaire de pentathlon moderne.
À savoir qu’il existe également deux autres Pentathlon au niveau militaire :
Le Pentathlon Naval
Le Pentathlon Aéronautique
Ces disciplines, tout comme le pentathlon moderne, sont intégrées aux programmes des Jeux Mondiaux Militaires et bénéficient de championnats du monde militaires annuels. Ces variantes s’alignent sur les compétences et besoins spécifiques des forces navales et aériennes, perpétuant ainsi l’idée que le pentathlon, sous toutes ses formes, reste une représentation moderne des compétences polyvalentes requises par les militaires.
L’Armée de Champions : quand les forces de l’ordre rayonnent sur la scène Internationale
Les athlètes militaires : porteurs des valeurs du pentathlon
Le pentathlon moderne continue de prospérer grâce à l’engagement de nombreux athlètes sous contrats avec l’Armée des Champions en France. Ces athlètes incarnent les valeurs de polyvalence, de rigueur et d’endurance, des qualités intrinsèques à cette discipline.
Valentin Belaud, maréchal des logis-chefs dans la Gendarmerie Nationale et double champion du monde individuel en 2016 et 2019, incarne à la perfection cette symbiose entre le sport et les forces armées. Il bénéficie du soutien de l’Armée de Champions, une structure qui lui permet de concilier ses ambitions sportives internationales avec ses responsabilités militaires. Grâce à ce soutien, le double champion du monde individuel a pu s’entraîner dans des conditions optimales, tout en assumant son rôle au sein de la Gendarmerie.
Sa compagne, Élodie Clouvel, médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Paris et de Rio, est un autre exemple marquant d’athlète militaire de haut niveau. Ancienne nageuse, elle s’est également engagée dans la Gendarmerie, illustrant la continuité de cette tradition de militarisation dans le pentathlon. La Tricolore est capitaine de Gendarmerie. Ensemble, Valentin Belaud et Élodie Clouvel incarnent cette union unique entre service militaire et performance sportive.
Pour compléter ce duo d’athlètes, il faut citer également Marie Oteiza, Rebecca Castaudi, Christopher Patte et Jean-Baptiste Mourcia.qui font partie de l’Armée de Champions.
Le pentathlon moderne comme outil diplomatique
Au-delà de ses racines militaires, le pentathlon moderne s’est imposé comme un outil diplomatique. Les compétitions internationales, notamment lors des Jeux Olympiques, permettent aux athlètes issus de différentes nations de se rencontrer et de concourir dans un cadre pacifique, laissant de côté les tensions géopolitiques.
Durant la Guerre Froide, le pentathlon moderne a joué un rôle particulièrement symbolique dans la diplomatie sportive, en réunissant des athlètes militaires de pays opposés idéologiquement. Ces compétitions offraient un terrain neutre où la rivalité sportive permettait de transcender les conflits politiques. La participation d’athlètes militaires, en particulier, symbolisait la transformation de la préparation au combat en une quête de paix à travers le sport.
En France, des athlètes comme Valentin Belaud et Élodie Clouvel, tous deux membres de la Gendarmerie à travers L’Armée des Champions, continuent de renforcer ces valeurs de discipline, de rigueur et de service lors des compétitions internationales. Leurs performances incarnent l’idée que le sport peut servir de pont diplomatique entre les nations, en promouvant des valeurs de coopération et de respect mutuel.
Le pentathlon moderne, enraciné dans les valeurs militaires, s’est transformé en un sport universel qui symbolise la polyvalence et la résilience. À travers nos athlètes, le pentathlon moderne demeure un lien puissant entre tradition militaire et compétition pacifique.
L’article a été écrit par Maylice Djoumoi service civique à la FFPM.
Crédit photo : UIPM