Jessye Gomesse : ” Ce n’était pas un objectif d’être championne de France “

24 janvier 2024  //  
Athlètes  //  

Jessye Gomesse a remporté pour la première fois le titre de Championne de France senior en décembre à l’INSEP. La semaine dernière, la jeune pentathlète de 22 ans est revenue dans un entretien avec la FFPM sur cette compétition qu’elle entamait sans pression et avec l’envie principale de prendre un maximum de plaisir.

 

Est-ce que tu t’es remise de ton premier titre de championne de France obtenu en décembre ?

Oui, on l’a bien fêté pendant les Fêtes, c’était une chouette compétition qui s’est bien finie.

 

Avec quel état d’esprit abordais-tu cette compétition ?

Je n’avais pas d’objectif de résultats. Je voulais juste ne pas me poser dix milliards de questions et prendre du plaisir dans chaque discipline avec le sourire.

 

Du plaisir, avec des performances, on l’a vu ! Tu as bien commencé la compétition dès le samedi parce que tu étais 6e de la Compétition Open (ouverte aux athlètes étrangères)) et 2e Française à 2 points de Clémence. Étais-tu satisfaite de cette première journée ?

J’étais très satisfaite, j’ai réalisé l’un de mes meilleurs temps en natation (2’15’’68) et une bonne escrime (24 victoires et 17 défaites). J’ai ensuite effectué un bon combiné tout en gérant. C’était une très bonne entame de compétition et elle m’a permis d’être bien classée avec mon escrime pour dimanche.

 

Après la première journée, il n’y a que cinq Françaises qui se sont qualifiées pour la finale. À ce moment-là, tu n’as pas pensé un peu au podium au minimum ?

Non pas du tout, pour être tout à fait honnête, ce n’était pas un objectif d’être championne de France. Ma volonté était d’être la plus performante possible, de retrouver des bonnes sensations et l’envie de faire du pentathlon que j’avais un peu oublié ces deux dernières années. Je savais que je m’étais bien entraîné avec mes coachs et avec Éric Michel qui m’a beaucoup aidé. Après le résultat allait suivre ou non.

 

Le dimanche matin, vous avez commencé par l’équitation à la Garde Républicaine, tu as eu 284 points alors que tu n’avais plus monté depuis longtemps. Quelle ont été tes impressions sur ta performance ?

C’était particulier parce que je n’avais pas pratiqué cette discipline depuis 5-6 mois. On s’était tous mis d’accord que si je ne le sentais pas, je ne montais pas. Mais directement lorsque je suis monté sur le cheval, je me suis dit : « Ça va le faire, il ne va y avoir aucun problème ». Le cheval était top, je n’étais pas du tout stressée pendant toute la compétition parce que je savais que je m’étais assez entraînée. Le parcours s’est bien déroulé, j’ai fait tomber deux barres. Même si on a des automatismes à cheval, c’est sûr que de ne pas monter autant de temps, on perd un peu de niveau.

 

Avant le Laser Run, tu es 2e à 23 points d’Élodie Clouvel. Est-ce qu’enfin tu penses à la victoire ou tu arrives à toujours être focalisé sur le plaisir ?

Non pas du tout ! (rires). Franchement, là où je me suis rendu compte que j’étais première Française et qu’en plus je jouais possiblement le podium du Scratch, c’est à la moitié du dernier tour où je me suis rendu compte que beaucoup de monde criait pour m’encourager. Je savais que c’était le dernier tour mais pour que l’ambiance soit aussi forte c’est qu’il se passait quelque chose d’important. Je me suis posé la question : « Pourquoi m’encourage-t-on autant ? ». J’ai compté et j’ai vu que j’étais 4e de l’Open, première Française, j’ai alors pensé : “Ah oui quand même, j’ai remonté des places.” En plus, je n’avais pas vu Élodie. Apparemment, je l’avais doublé sur le pas de tir donc dans mon esprit, il y avait encore des filles devant moi.

 

Et toi qui parle beaucoup de plaisir, tu as dû en prendre sur ce Laser Run, car tu réalises le meilleur temps de toutes les engagées (étrangères comprises) ?

Oui, tout à fait, je crois que je n’avais jamais remporté de Laser Run où peut être quand j’étais plus jeune. C’est vraiment ce sentiment de progression, de travail bien réalisé dans la sérénité. Mais cela fait aussi très mal (rires). Je ne m’étais pas autant donné depuis longtemps, il le fallait pour que j’aille chercher le titre mais aussi avec cette 4e place à l’Open, j’étais au sprint avec l’Égyptienne Kandil (3e). J’ai été surprise à la fin quand on m’a dit que j’avais gagné le Laser Run, je n’y croyais pas.

 

Décris-nous ton émotion à l’arrivée de devenir championne de France.

Au tout début, je n’ai pas réalisé, il y avait ma famille, mon copain, des amis qui étaient là. Ce n’est qu’après en voyant l’émotion de mes parents, en voyant la fierté de certaines personnes, que j’ai été plus émotive, j’ai alors pensé que je ne l’ai pas démérité, bien au contraire. Tout ce travail effectué avec les entraîneurs paye, et d’autant plus que j’ai passé une saison 2022-2023 extrêmement compliquée pour moi. C’est de la fierté de me dire que j’ai pu rebondir après tout ce qui s’est passé et que j’ai pu arriver à ce niveau-là.

Tu es monté sur le podium avec deux autres licenciées de Noyon, Rebecca Castaudi (2e) et Clémence Reboisson (3e). Que représente pour toi ce triplé ?

C’est être honoré de partager ce podium avec elles parce que Rebecca en plus d’être ma collègue de travail (Pôle INSEP) c’est aussi une amie. Clémence, on fait partie du même club, on se côtoie aussi, c’est une fierté d’appartenir à un club qui nous aide et qui nous encourage. C’était beau de voir tout ce bleu sur le podium (la couleur du club) et pas que sur le podium féminin (Christopher Patte a terminé troisième chez les hommes). On est fier d’appartenir à Noyon et puis Jerry Pichot était très content, il a versé sa petite larme. Gagner en individuel, c’est bien, mais gagner en équipe avec le club de Noyon c’est encore plus fort.

Cette saison se disputeront les Jeux Olympiques à domicile, j’imagine que l’objectif est d’y participer.

Alors c’est vrai, qu’avec ce que j’ai réussi aux France, j’ai un niveau qui permet de rivaliser avec certaines filles mais je n’ai pas envie de me mettre de la pression. Les filles, les garçons qui iront auront mérité leur place. Après, si je peux m’inviter dans la course, je ne vais pas me faire prier, je vais tout donner pour y aller. Je n’ai pas envie de me mettre de pression parce que je suis encore jeune et que si je m’en mets trop cela ne fonctionne pas avec moi. Si je réussis à y participer tant mieux sinon cela sera pour une autre Olympiade.