Interview du nouveau champion du Monde U17 : Mathis Issaka Idé-Large

19 juillet 2023  //  
Compétitions  //  

Mathis Issaka Idé-Large est devenu champion du monde U17 samedi à Alexandrie ! Un mois seulement après son titre européen. La FFPM a pu s’entretenir avec lui ce mercredi. Le licencié du Pentathlon Moderne Perpignan la Catalane a été au bout de ses forces pour récolter l’or.

 

Mathis, tu es devenu samedi soir champion du Monde U17 à Alexandrie. Qu’est-ce que ça fait d’être champion du monde ?

 

C’est quelque chose d’assez incroyable. Sur le moment, on ne s’en rend pas forcément compte mais quand on prend du recul avec tout le travail qu’on a mis au quotidien, c’est un sentiment impressionnant.

 

Quel objectif t’étais-tu fixé avant la compétition ?

 

Un podium. J’avais terminé 4e lors de mes premiers Championnats du Monde auxquels j’ai participé l’an dernier, je n’étais pas venu à Alexandrie pour faire moins bien que ce résultat.

 

Après les qualifications, l’escrime se passe bien avec le Fencing Round. En finale, le parcours d’obstacles débute mais tu ne peux pas participer car il y a une interruption à cause d’un surplus d’humidité pour franchir les obstacles et en particulier le dernier mur. Comment as-tu géré cette période car il y a eu une longue pause pour savoir si l’épreuve se poursuivait puis finalement les organisateurs ont décidé de faire la natation avant le parcours d’obstacles ?

 

C’était un moment un peu bizarre, on attend, on ne sait pas trop ce qui se passe. J’ai eu des consignes du coach, il fallait continuer à rester concentré et à ne pas se laisser endormir parce qu’il y avait une longue période d’attente. J’ai continué à m’hydrater et à bien manger pour continuer à garder de l’énergie. Ensuite, il y a eu quelques instants où quand ils nous ont dit qu’on allait faire la natation et qu’on enchaînerait directement avec le parcours, c’était un peu particulier pour moi. J’aurais pu être stressé mais mon coach m’a donné des conseils : « On respire bien, il ne faut pas se mettre de pression, ce n’est pas parce qu’il y a des changements qu’on ne va pas s’adapter.” Même si ce n’était pas organisé comme prévu, finalement j’ai bien réussi à m’adapter.

 

Étais-tu satisfait de ton temps en natation (2’08’’88) après cet événement ?

 

J’étais un peu déçu mais l’échauffement remontait à pas mal de temps avec l’interruption. La semaine a été compliqué avec le parcours, j’ai eu pas mal de courbatures aux bras, le temps de natation n’était pas ce qu’on espérait mais il permettait de rester dans la bataille.

 

Puis le parcours d’obstacles s’est bien déroulé.

 

Oui, il s’est bien déroulé. Malheureusement, j’ai eu un peu de mal avec le mur final, la stratégie était d’essayer de le passer sans la corde, ils avaient mis des cordes à disposition pour pallier le fait que le mur était glissant. J’ai quand même essayé de le gravir sans la corde pour gagner du temps, c’était un peu compliqué mais le chrono était convenable.

 

Tu pars 5e au Laser Run. Il faut que tu nous racontes parce que tout se joue au dernier tir où vous êtes encore quatre dans la course, tu ressors en tête et cela se termine par un emballage final haletant.

 

C’était serré. Je venais de faire un troisième tir assez moyen et je suis sorti du stand de tir en 5e position, j’ai un peu remonté au train afin de rester dans la bataille pour le podium avant le dernier tir. Lorsque j’arrive au dernier tir, je me suis dit qu’il y aurait beaucoup de pression pour tout le monde car c’est le tir décisif, c’est le moment de se concentrer, de fournir un dernier effort même si c’est dur, même si on n’en peut plus.

L’épreuve se déroulait le soir, il faisait chaud et lourd, l’effort était intense, je me suis dit : « Allez un ultime effort, on se concentre vraiment à fond, il ne faut pas se mettre la pression, il faut juste faire son tir en exécutant comme j’ai l’habitude. » Une fois que je suis arrivé sur le pas de tir, c’est sorti tout seul, sans réfléchir. Lorsque j’ai quitté le stand de tir, je lève la tête et je vois qu’il n’y a personne devant, j’ai pensé que c’était le moment de carburer, j’ai tout donné et une fois arrivé aux derniers 300 mètres il y a un virage à gauche.

Depuis quelques semaines, j’ai une douleur à chaque fois que je cours au niveau de la hanche, à l’intersection des abdos et du grand dorsal. Cette douleur m’empêche de courir après les efforts, cela faisait un petit moment qu’elle me gênait pour m’entraîner correctement.

Après la qualification, j’ai eu mal. Lors de la finale au Laser Run, j’ai eu comme un coup de poignard au virage à 300 mètres de l’arrivée, à ce moment précis, je me tiens la hanche et je commence à boiter sur quelques mètres, j’ai pensé que je n’allais pas réussir à finir. La douleur était si forte que je pensais ne plus pouvoir courir jusqu’à la ligne d’arrivée, il n’était plus question de podium mais de terminer la course. J’ai failli m’effondrer par terre et finalement, mentalement, je me suis remis dans le coup en pensant qu’il fallait encore pousser, le moment était trop grand pour s’arrêter. Mon mental a réussi à prendre le dessus sur la douleur.

J’ai continué à courir mais sans pouvoir mettre de force dans le sol, je ne pouvais plus pousser sur les jambes, c’était vraiment dur, j’arrive dans la dernière ligne droite avec des adversaires qui remontent à grande vitesse, ils me voient devant, je n’avance pas, je me faisais remonter à chaque mètre, j’ai réussi à franchir la ligne 1er pour moins d’une seconde d’avance (les quatre premiers se sont départagés en 4 points seulement !).

 

Qu’est-ce qui s’est passé depuis la course pour toi ?

 

Juste après la course c’était compliqué. Malgré l’euphorie, la fin du Laser Run a été effectuée avec l’adrénaline, dès que j’ai franchi la ligne d’arrivée je me suis effondré par terre. J’avais trop mal pour être content. J’ai connu un moment difficile pour aller sur le podium car je n’arrivais pas à marcher. J’ai réussi à monter sur la boîte, j’ai eu à nouveau le sourire aux lèvres. Mais une fois que cet instant était derrière moi, j’ai vraiment passé une mauvaise nuit, j’ai eu des douleurs à l’hôtel.

 

Mince, tu n’as pas pu profiter pleinement de ce titre mondial ?

 

Non vraiment la blessure était trop forte. Maintenant que je suis rentré, je vais mieux, j’ai commencé mes examens pour ma hanche afin qu’elle se rétablisse. Désormais, j’ai un peu récupéré, je passe une période incroyable avec ma famille, tout le monde est content, c’est très sympa.

 

Quel va être le programme dans les prochaines semaines ?

 

Avant cette blessure, j’avais prévu un peu de repos puis nager et courir pour le plaisir mais sans aller dans la performance. Le programme est modifié, il faut penser à la récupération pour mieux réattaquer à la rentrée.

 

Tu as réussi un doublé incroyable avec le titre européen et le titre mondial en un mois d’intervalle. J’imagine que tu ressens beaucoup de fierté.

 

Oui beaucoup et surtout ce doublé est important pour moi car il récompense une éthique de travail assez fastidieuse. Entre récupération, étirements, exercice de mobilité, hydratation, parfois ce n’est pas simple au quotidien et sur une longue durée. Quand ces résultats incroyables arrivent, c’est une fierté et un sentiment d’accomplissement de ne pas avoir lâché et d’avoir effectué toujours plus pour se donner le moyen d’obtenir des victoires. J’essaye de ne jamais me limiter à l’entraînement seulement et du coup c’est une récompense d’avoir travaillé plus.

 

Est-ce que tu as des objectifs pour la rentrée ou la saison prochaine ?

 

Concernant la saison prochaine, j’aimerais me battre à nouveau pour des podiums internationaux surtout que dans la catégorie U19 le challenge va être plus relevé. L’objectif est de faire une bonne saison d’entraînement afin d’essayer de se qualifier sur des championnats internationaux.

 

Je te remercie Mathis pour ta disponibilité, encore félicitations et bon rétablissement !

 

Merci beaucoup !