Interview de Jean-Baptiste Mourcia nouveau champion de France

19 janvier 2024  //  
Athlètes  //  

Jean-Baptiste Mourcia est devenu champion de France senior en décembre pour la toute première fois. Il a devancé Pierre Dejardin (2e) et Christopher Patte (3e). Le licencié du RMA a rivalisé durant tout le week-end parisien avec des cadors du pentathlon moderne mondial. La FFPM a échangé cette semaine avec le champion du monde junior 2019.

 

Jean-Baptiste tu as remporté ton premier titre de champion de France senior en décembre. Que représente-t-il pour toi ? 

J’ai été trois fois 2e à ces Championnats sur les trois années précédentes. Je suis très content de pouvoir gagner mes premiers Championnats de France, en plus c’était peut-être le dernier avec l’équitation donc c’était aussi symbolique.

 

Est-ce que tu avais des bons indicateurs à l’entraînement les semaines précédentes ? 

Oui, après, on n’a pas forcément appuyé énormément la préparation puisqu’on était en décembre. Ce n’était pas une compétition qui comptait pour des sélections mais j’étais en forme avant d’entamer les Championnats de France.

 

Dès le samedi, tu es dans le coup car tu termines premier Français des demi-finales à égalité avec Christopher Patte. Quel était ton sentiment sur cette première journée ? 

Une escrime très longue avec la présence des trois meilleurs mondiaux, les trois premiers aux derniers Championnats du Monde, des gars très costauds. L’escrime n’était pas trop mal, j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu. Ensuite, j’ai réalisé une natation vraiment décevante par rapport au travail que j’ai effectué aux entraînements, ce n’étaient pas du tout les temps auxquels je m’attendais. Et à la fin, le combiné était réussi avec un très bon tir, ce qui m’a permis de pouvoir gérer tranquillement ma qualification en finale.

 

Tu viens de dire que tu étais déçu par la natation. Tu as réalisé 2 minutes et 09 secondes en demi-finale et en finale. À quel temps t’attendais-tu ?

Je pensais réussir au moins 2’07 (sur 200 m nage libre) parce qu’à entraînement, j’avais effectué de bonnes séances, je réalisais des chronos que je ne faisais pas du tout avant. Mais visiblement, il me manque quelque chose pour lier tout le travail que j’ai effectué. Je m’attendais clairement à nager plus vite.

 

Le dimanche matin, il y avait l’équitation à la Garde Républicaine. C’est une épreuve où le pentathlète peut tout perdre. Comment l’appréhendais-tu ? 

Déjà, je ne connaissais pas le cheval. La Garde Républicaine est l’endroit où on monte d’habitude. Mais là, les chevaux pour la plupart, on ne les connaissait pas. C’est toujours dur l’équitation à la Garde Républicaine en décembre car il fait froid. L’épreuve se déroulait tôt le matin, il y avait beaucoup de buée. J’ai pris l’équitation sans trop de pression, j’ai vu que j’étais bien placé, mais je sais aussi que l’équitation c’est le juge de paix. Je me suis concentré sur mes fondamentaux, j’avais aussi un super cheval. L’équilibre impulsion-direction est important et surtout j’ai travaillé sur le feeling avec le cheval, une bonne détente, c’est juste dommage que je sois à une seconde pour réussir les 300 points mais c’est anecdotique.

 

Tu as raison de dire que c’est anecdotique parce que tu as réalisé une très bonne opération. Tu n’as eu qu’un seul point de pénalité alors que tous tes adversaires ont connu d’énormes difficultés à cheval que ce soit les deux Valentin, l’élimination d’Ugo Fleurot… J’imagine que tes impressions étaient positives après cette épreuve.

Oui, forcément, après je sais que j’ai plutôt le gabarit pour pouvoir bien performer à cheval. J’ai les automatismes qui vont avec, ma mère faisait de l’équitation, je viens de l’équitation, je pense que cette discipline est une de mes forces. 

 

Tu récupères ensuite deux points au Bonus Round, tu nages 2’09 en natation. Avant le Laser Run, tu es premier tricolore avec 3 points d’avance sur Pierre Dejardin et 4 points de plus que Valentin Prades. Est-ce que tu as ressenti un peu de pression avant le départ ? 

Oui, un peu de pression, après je savais que le titre était quasiment déjà acquis. Parce qu’en course et en tir, je pense qu’à cette période de l’année j’étais vraiment au-dessus de mes coéquipiers. L’objectif était vraiment d’ailler chercher les étrangers et surtout les Égyptiens qui trustaient le devant de la scène, l’idée était de rivaliser avec eux sur un championnat. 

 

Et tu l’as très bien réalisé puisque tu as eu le meilleur temps de tous les engagés en 9’49″17 de ce combiné.

Je pensais que j’étais mieux physiquement mais finalement j’étais un peu fatigué, cela s’est ressenti sur le temps final. Après j’ai effectué un tir très correct, j’ai plutôt bien géré ma course. Ce n’était pas non plus ma meilleure course de l’année, je suis resté dans mes standards, je peux être plus performant.

 

Quelles ont été tes premières pensées à l’arrivée ? 

La fierté de m’être interposé entre les trois Égyptiens qui sont trois grands noms du circuit mondial.. Cette compétition est le rendez-vous du pentathlon français, il y a beaucoup de monde qui vient nous voir donc c’est bien de montrer qu’on est fort sur des Championnats surtout au début de saison. C’est de bon augure pour la suite, ce résultat sert aussi pour me dire que je suis peut-être sur le bon chemin. 

 

Tu as terminé 3e de la compétition Open alors qu’il y avait un plateau incroyable avec notamment Mohanad Shaban, Joseph Choong, Emiliano Hernandez… Est-ce que cela te donne confiance sur tes capacités à rivaliser avec les meilleurs pentathlètes ? 

Je n’ai jamais trop douté de mes capacités à rivaliser avec eux. Le problème est surtout de répéter ce niveau de performance sur plusieurs compétitions, d’être consistant que ce soit l’entraînement ou en compétition. 

 

Tu avais gagné le Challenger de Drzonkow au mois d’août, 4e à Madrid. Est-ce que ces résultats ont eu un impact positif sur ton mental ?  

Oui, surtout que je n’ai participé qu’à une Coupe du Monde en 2023 où j’avais réalisé une contre-performance, je n’avais pas réussi à passer les qualifications. J’avais une fin de saison un peu compliquée, je ne savais pas trop quelle compétition j’allais faire. J’ai eu ces deux Challenger qui valent 40 points pour la qualification olympique, j’ai marqué pas mal de points sur ces deux épreuves. C’est sûr que cela m’a relancé et puis j’avais de bonnes sensations j’ai bien tenu le rythme de fin de saison. Après ces résultats, je me suis dit : « Tu as encore une chance à jouer l’an prochain, tu es sur une bonne lancée, tu as compris certaines choses, tu prends de l’expérience sur ces compétitions. »  

 

Depuis les Championnats de France, il y a eu les fêtes puis le retour à l’entraînement. Est-ce que la reprise a été positive ? 

La reprise a été très positive avec de bonnes résolutions dans toutes les disciplines. Je pense que c’est l’année la plus importante pour le pentathlon français. C’est le moment où il va falloir tout donner jusqu’au bout et même si on n’arrive pas à atteindre nos ambitions individuelles, il sera important d’aider à ramener collectivement une médaille olympique.

 

Je te remercie Jean-Baptiste et encore félicitations pour le titre.