Coline Flavin lors du Laser Run des Championnats de France Senior 2024.
Coline Flavin ne semble pas avoir de limite, la pensionnaire du CREPS de Bordeaux est devenue championne de France Senior de pentathlon moderne à 18 ans, le 1er décembre dernier à Perpignan. Ses résultats 2024 ont été remarquables.
Elle a obtenu trois médailles lors des derniers Mondiaux U19 : le bronze en individuel et par équipe puis l’argent en relais mixte. Cette année, Coline Flavin a également été championne du monde par équipe dans la catégorie supérieure et 9e en individuel de ces Mondiaux U22. La Fédération Française de pentathlon moderne a eu l’honneur d’échanger par téléphone avec Coline Flavin et son entraîneur à Bordeaux Xavier Cugat il y a deux semaines. On a découvert une jeune athlète qui prend beaucoup de plaisir à faire du pentathlon, elle allie l’amusement avec une réelle ambition et de la réflexion pour s’améliorer au quotidien.
Coline, tu es devenue championne de France Senior. Qu’est-ce que tu ressens après ce titre ?
Coline Flavin – C’était cool et un petit challenge, je me suis retrouvé à sauter de catégorie moi qui suis junior première année.
Est-ce que tu as célébré ce titre ?
C.F – Non, comme j’ai mon concours de médecine qui arrive, je suis plus dans les cours qu’à m’amuser ou à fêter mes résultats en compétition. Je suis rentré rapidement chez moi lundi, mes parents étaient très contents pour moi. Il y a également le circuit de Bordeaux qui arrive (il s’est déroulé le 14 et 15 decembre, Coline Flavin a terminé 2e derrière Mathilde Derval).
Xavier Cugat – Si elle ne gagnait pas ce titre, ce n’était pas une fin en soi mais c’était bien de le gagner, c’était un objectif avec le changement de discipline.
C.F – Ce n’est que le début de la saison.
X.C – Il y avait pas mal de fatigue comme tu avais fait un circuit national d’escrime, c’était dur de sauter partout avec de l’épuisement.
C.F – C’est quand même un titre chez les Seniors, il ne manque plus que les Juniors et j’aurais tous les titres nationaux (les Championnats de France U22 se dérouleront les 3 et 4 mai 2025 à Saint-Maur-des-Fossés).
Quel était ton objectif avant cette compétition ?
C.F – Mettre en place mes séquences de tir surtout et installer mon jeu à l’ escrime comme j’avais réussi lors du circuit national d’épée. Après en natation et en course, on avait fait un gros travail spécifique, je ne pensais pas qu’on pouvait avoir des résultats tout de suite, l’objectif dans ces deux disciplines était de faire au mieux avec la forme du moment.
Est-ce qu’il y avait une préparation physique spécifique pour cette compétition ?
C.F – Non comme pour toutes les compétitions on est là pour gagner de toute façon. Que ce soit pour un titre régional, que ce soit pour un titre national ou mondial.
X.C – Ou même à l’entraînement ! (Rires).
Abordons maintenant ces Championnats de France, tu as effectué une escrime exceptionnelle, 27 victoires et 9 défaites, quelles étaient tes sensations à l’épée ?
C.F : Avant à l’entraînement, c’était un peu compliqué, j’avais besoin de lâcher les chevaux, mais dès que la compétition s’est lancée tout de suite cela s’est bien passé.
X.C – J’ai eu besoin de hausser le ton dans la semaine. Coline avait de la frustration sur certaines actions et de l’incompréhension qui ont été corrigé avec des vidéos qui ont vraiment servi.
C.F – En compétition, on ne réfléchit plus à 36 000 choses, simplement on agit.
Après, tu as parfaitement négocié le parcours d’obstacles avec le 2e temps des Françaises derrière Mathilde Derval. Comment abordais-tu cette épreuve que tu pratiques dans les catégories de jeunes lors des Championnats du monde ou d’Europe ?
C.F – Le parcours, parfois je suis très stressée, mais je m’amuse, j’aime bien me balancer sur les anneaux. J’aime le parcours donc je n’avais pas trop de pression et l’épreuve s’est bien passée.
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X.C – C’était frustrant car on a plein d’idées tous les deux pour gagner du temps sur les obstacles et entre les obstacles mais on n’a pas pu le faire lors des France puisqu’on n’a pas de quoi s’entraîner dans cette épreuve. On ne voulait pas prendre de risque, on voulait qu’elle fasse une performance lambda, elle pouvait aller plus vite. On fait simplement de la musculation pour le moment.
C.F – Cela fait un an et demi que je fais le même schéma pour le parcours, je n’ai pas forcément amélioré mes passages sur les obstacles. Je veux essayer plein de choses, mais je ne peux pas le faire, je ne m’améliore pas.
X.C – Tu t’améliores quand même un peu, nos entraînements, c’est lors des Championnats d’Europe et du monde.
C.F – On arrive la veille de la compétition et on s’entraîne.
Xavier m’a dit que tu étais déçu de ta natation, peux-tu nous raconter ?
C.F – Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette performance, on a débriefé, je n’étais pas satisfaite mais il faut du temps pour progresser.
La spécificité de ces Championnats de France est que vous avez terminé les séries de natation en début de soirée le samedi pour finir par le Laser Run le dimanche matin. Le samedi soir, tu étais en tête avec 29 secondes d’avance sur Rebecca Castaudi, 32 sur Mathilde Derval, 38 sur Jessye Gomesse. Est-ce que la soirée avant le Laser Run n’a pas été trop stressante sachant que tu avais un premier titre de championne de France Senior à portée ?
C.F – Cette question on me l’a posé après la compétition, mais sur le coup, je pensais plus à aller chercher l’Allemande devant au classement Open (les Championnats de France étaient ouverts à la participation d’athlètes étrangers, des pentathlètes espagnols et allemands étaient présents, Coline Flavin mentionne ici l’Allemande Esther Fernandez Donda).
X.C – Pour moi, c’est Laura Heredia qui me faisait peur et cela n’a pas loupé.
C.F – Je ne la connaissais pas (dans la compétition Open Esther Fernandez Donda s’est imposée, Laura Heredia a terminé 2e et Coline Flavin 3e).
Est-ce que tu avais des craintes par rapport à un éventuel retour de Rebecca Castaudi et Jessye Gomesse qui sont rapides sur le combiné ?
C.F – À Bordeaux, on a appris à d’abord faire notre Laser Run et on verra à la fin où on est placé, mais c’est sûr que j’avais en tête que derrière moi il y avait des avions. Je voulais aller plus chercher devant que regarder derrière.
Raconte-nous ce Laser Run, tu as eu un bon rythme de course et pas de défaillance au tir, est-ce que t’étais totalement satisfaite ?
C.F – La course n’était pas incroyable, il y avait de la fatigue, mais c’était bien pour un début de saison. Le tir est en place, ça fait plaisir.
Quels sont tes prochains objectifs ?
C.F – Dans dix jours, il y a le premier circuit national et après je vais essayer de faire une autre étape du circuit d’escrime. J’ai eu de très bons résultats jusqu’à là (tableau de 8 et tableau de 16).
On va essayer maintenant d’en savoir un peu plus sur toi. Comment es-tu venu au pentathlon et à quel âge ?
C.F – Il y avait le club d’Antony à côté de chez moi (Coline Flavin est native de Massy), c’est comme ça que j’ai commencé le pentathlon. Je ne faisais pas partie du club, mais je faisais des initiations de temps en temps en parallèle du triathlon. Je suis arrivée au Pôle de Bordeaux à 14 ans.
Est-ce que le pentathlon t’a tout de suite plu ?
C.F – Oui cela permet de faire du sport toute la journée et ne pas avoir beaucoup de cours c’est ce que j’aimais, ce sont les raisons qui font que j’ai accroché.
Maintenant, que dirais-tu as des jeunes filles qui veulent se mettre à faire du sport ? Pourquoi faudrait-il faire du pentahtlon plus qu’un autre sport?
C.F – Parce que c’est un sport hyper polyvalent, on développe toutes nos qualités physiques, on va chercher des ressources qu’on ne pense pas avoir et puis on apprend beaucoup sur nous aussi.
As-tu des passions ?
C.F – Le sport et j’aime bien dessiner de temps en temps. Mais tout type de sport : L’escalade, le cirque, l’escrime. En faire surtout, mais j’aime bien regarder aussi.
Est-ce que tu as un rituel avant tes épreuves ?
C.F – Non pas trop parce que si je commence à tomber là-dedans, je vais aller trop loin (rires).
On remercie Coline Flavin pour sa disponibilité et Xavier Cugat qui a aidé à la mise en place de cette interview.
Crédit photo : La Timeline/ Louison Cazaly (La Timeline est un compte que l’on vous conseille de suivre sur Instagram pour avoir des photos et vidéos de qualité sur le pentathlon moderne).