Étienne Clergeau : ” Je n’avais aucune attente “

11 août 2023  //  
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Étienne Clergeau a été le roi des Championnats du Monde U19 disputés du 24 au 30 juillet à Istanbul. Le licencié du Pentathlon Moderne Perpignan la Catalane a remporté trois titres avec la médaille d’or en individuel mais aussi par équipes et en relais mixte. La FFPM a échangé avec ce jeune talent.

 

Bonjour Étienne. Est-ce que tu t’es remis de tes émotions après tes trois médailles d’or ou est-ce que tu as encore la tête dans les nuages ?

 

Maintenant, je m’en suis remis. J’ai mis quand même deux ou trois jours parce qu’obtenir trois titres c’est quelque chose d’incroyable. Je suis revenu chez moi, tout le monde m’a félicité et après je me suis dit que ces médailles étaient acquises et que désormais il fallait prendre du repos avant de repartir au travail.

 

Quelles étaient tes attentes avant la compétition ?

 

Je n’avais aucune attente. J’étais venu pour participer à ces Mondiaux et faire de mon mieux pour ne pas être déçu mais je n’y allais pas du tout pour gagner. Je ne croyais pas en avoir les moyens. Comme j’avais effectué une mauvaise compétition aux Europe, selon moi, personne ne pouvait s’attendre à me voir aussi haut.

 

Dès le premier jour, les Mondiaux ont bien débuté pour l’Équipe de France avec la médaille de bronze en relais de Nathan Dupuy-Leriche et Karl Furderer. Est-ce que cette bonne nouvelle t’a aidé mentalement ou à ce moment-là tu étais trop concentré sur ton épreuve individuelle ?

 

Ce résultat m’a aidé un peu. On est de très bons potes, je les ai vu très heureux, j’ai pensé qu’on allait réussir de bons Championnats ensemble.

 

Tu étais en manque de confiance avant la compétition, tout s’est bien enchaîné pour toi. Après avoir été 3e de ton groupe de qualification, tu as été d’une incroyable régularité dans tes performances en finale. 2e après le Ranking Round d’escrime, 8e temps de natation, 5e meilleur chrono du Laser Run. Est-ce que tu peux nous décrire tes sensations ?

 

Je savais que j’étais bien entraîné. Les sensations lors des qualifications sont en général complètement différentes de celles en finale. Après, j’avais réalisé une bonne qualification qui m’a bien mise en confiance pour la finale. Mais j’étais tout de suite sur mes gardes car aux Europe j’étais en tête de mon groupe de qualification, puis je n’avais pas réussi la finale que j’espérais.

 

Est-ce qu’il y a eu un peu de doutes après le parcours d’obstacles qui a été un peu compliqué (28e temps en 41 secondes) ou non puisque tu étais encore dans le groupe de tête ?

 

J’ai pris un léger coup au moral parce que je voyais un peu la victoire s’éloigner. Mais je me suis dit que je n’avais pas trop perdu de points par rapport à ce que je pouvais perdre donc finalement ce n’était pas grave. J’ai testé quelque chose en finale, ce qu’il ne faut absolument pas faire normalement, c’était totalement de ma faute, il fallait l’assumer et tout donner pour la suite.

 

Qu’as-tu testé ?

 

Une nouvelle façon de passer les anneaux que j’avais juste essayé à l’échauffement, j’avais réussi une fois mais en finale ce n’est pas passé.

 

À quel moment as-tu commencé à penser à la victoire ?

 

Après la natation, je suis un peu superstitieux, je vois que je suis 6e et l’année dernière lorsque je remporte les Championnats d’Europe j’avais aussi le dossard 6 avant le Laser Run. J’ai pensé que c’était un signe et que maintenant je n’avais plus qu’à réaliser mon combiné. Mais j’étais beaucoup plus en confiance pendant mon Laser Run. J’ai vraiment cru en la victoire lorsque je voyais que tout le monde tirait mal et que je tirais bien.

 

Peux-tu nous raconter ce Laser Run où tu as rattrapé petit à petit tes adversaires pour finir avec une bonne avance sur les Hongrois ?

 

Je pars 6e à 31 secondes du leader l’Italien Matteo Bovenzi mais le podium n’était qu’à neuf secondes, cela aide à se motiver encore plus. Je connaissais l’Italien, je savais que ce n’était pas un très bon coureur et que je pouvais le rattraper. Je pars dans mon premier tour avec une bonne allure mais je ne suis pas à fond comme je sais qu’il y a cinq tours de 600 mètres et que tout peut se passer à chaque tir. On arrive les six premiers au tir en même temps et c’est à cet instant qu’une partie de la course s’est jouée, je sors 3e du pas de tir et après l’enchaînement est bon.
J’effectue une course assez moyenne par rapport aux autres mais à chaque fois il y en a un ou deux qui bloquent au tir, je savais que le tir allait être décisif et j’ai plutôt des facilités dans ce domaine. Je me suis bien concentré, je n’avais aucune complexité à tirer, les cibles s’allumaient rapidement. Les autres ont craqué petit à petit.
Il y a juste le Hongrois médaillé d’argent qui a bien tiré, il partait 13e, il a fait un très bon Laser Run sauf qu’il a tout donné pendant les quatre premiers tours. On part ensemble sur les 600 derniers mètres, j’attaque à bloc et il n’arrive pas à me suivre.

 

À l’arrivée, l’euphorie devait être importante car tu t’imposes en individuel puis tu apprends quelques minutes après que tu deviens également champion du monde par équipes avec tes copains Karl et Nathan.

 

C’était vraiment incroyable. Lorsque j’arrive sur la ligne, j’étais déjà en train de célébrer avec les Français dans le public. Je lâchais des cris et des gestes pour extérioriser ma joie. Puis, je vois petit à petit que les autres arrivent, Nathan et Karl ne sont vraiment pas loin, ils font 10es et 12es, je suis sûr qu’on a une médaille et pourquoi pas celle en or. J’attends, puis les coachs viennent me dire qu’on a remporté la compétition par équipes. Je pars voir Nathan et Karl pour leur annoncer qu’on était champions du monde, j’étais très heureux de partager ce moment de bonheur avec eux. Florent (Shoen) termine 15e donc son résultat ne compte pas pour le résultat par équipes, mais je lui ai dit qu’on formait un collectif et que c’était à quatre qu’on avait obtenu la médaille.

 

Tu devais concourir dès le lendemain avec Coline Flavin en relais mixte. Est-ce que c’était difficile physiquement et mentalement d’enchaîner ?

 

Physiquement, c’était un peu difficile car après la finale j’étais complètement épuisé, j’avais un peu mal partout mais j’ai bien récupéré. Je savais que j’allais être avec Coline car il était prévu que le premier français et la première française des épreuves individuelles forment l’équipe. J’étais motivé d’être avec elle. On est tous les deux de bons escrimeurs gauchers, j’ai pensé que cette épreuve était un bonus et une chance de médaille supplémentaire. J’y suis allé avec beaucoup de plaisir et avec le sourire. Le fait de participer au relais mixte le lendemain ce n’était pas du tout difficile mentalement.

 

Quand on regarde le classement de chaque discipline du relais mixte, vous l’avez dominé de bout en bout. C’était une journée où vous étiez tous les deux à un très bon niveau partout où il y a eu des petits accrocs ?

 

Il n’y a eu aucun accroc. On a passé une journée avec que des épreuves réussies. On commence avec 40 points d’avance en escrime, on accentue cet écart avec le Bonus Round qu’on remporte. On réalise un très bon parcours d’obstacles où je fais attention de ne pas commettre l’erreur de la veille. On garde notre avance. Ensuite, en natation on perd un peu de notre avantage parce que nous ne sommes pas d’excellents nageurs mais on a toujours une avance confortable.
J’avais un peu peur avant le Laser Run car le tir est souvent délicat lorsqu’on part avec de l’avance. On peut stresser et exploser. Mais Coline et moi avons bien géré nos émotions. On a fait un bon tir et on gagne avec 41 secondes d’avance sans voir les autres de la compétition. On était vraiment sur un nuage.

 

 

Crédit photo: UIPM/Filip Komorous

 

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